A l'heure où les prairies devraient permettre presque à elles seules d'assurer la production de lait des brebis en quantité et en qualité tout comme la croissance de leurs agneaux, le retard de l'arrivée du printemps 2013 a compliqué quelque peu la tâche.
Si cette année, nous avons bien eu l'eau nécessaire (plus que nécessaire !), le soleil et la douceur nous ont désespérément manqué pour permettre une bonne repousse des pâtures ...
Résultat d'un hiver qui n'en finissait pas de laisser sa place : il a fallu complémenter le couple mère/agneau ! Et c'est à ce moment là qu'on est bien heureux d'avoir fait le choix de la race Charmoise car sa rusticité nous a permis d'éviter de remplir trop souvent remorques et trémies chez les marchands d'aliment, ou de racler les fonds de cellules de stockage des réserves déjà bien entamées.
En effet, en année "normale" d'un point de vue climatique, les mères Charmoises ont des besoins très limités pour assurer la croissance de leurs agneaux. Ainsi, avant agnelage, il n'est pas utile de complémenter les mères pour garantir leur lactation : cela pourrait même avoir des conséquences néfastes (agneaux plus gros à l'agnelage donc des agnelages moins faciles et d'éventuels problèmes de qualités maternelles). Un déparasitage des mères avant l'agnelage est par contre essentiel pour la lactation future. Après agnelage, les mères régulièrement sorties au champ la journée se contentent habituellement d'une complémentation limitée à 300 g/jour pendant 1 mois.
Cette année, si cette phase de complémentation s'est prolongée (d'un mois maximum toujours à 300 g/jour), elle l'est restée dans des proportions très acceptables ... et c'est tant mieux pour nos finances à l'heure où le complément dépasse les 300 euros/tonne. Merci la Charmoise !
De plus, si un complément peut être mis précocément à disposition des jeunes agneaux Charmois, il n'est pas souhaitable de leur apporter à volonté car l'objectif de croissance de ces agneaux est bien différent de celui d'autres races correspondant à des systèmes plus intensifs (sortir un agneau en 3 mois, coûte que coûte, pour ne pas avoir à "traîner" de grandes carcasses par la suite difficiles à engraisser). En race Charmoise, les performances de croissance recherchées ne sont pas les mêmes, et c'est là son intérêt : il ne s'agit pas d'accélérer une période de croissance à grand renfort de granulés, mais d'étaler cette phase pour profiter au maximum des pâtures et réduire autant que possible la complémentation. Dans ces conditions, les agneaux Charmois nés en février/mars peuvent alors être vendus au dernier trimestre, lorsque les cours du marché sont bons.
Evaluation des coûts de complémentation
pour 2 types de conduite d'élevage :
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Races grand format
(70 - 80 kg)
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Race Charmoise
(50-60 kg)
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Nombre de brebis pour une
même surface en herbe :
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2
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3
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Productivité des brebis :
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1,5
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1
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Nombre agneaux sevrés :
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3
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3
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Système de production :
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Bergerie
Agnelages en décembre
pour produire des agneaux
de Pâques.
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Pâturage
Agnelages en mars pour
produire des agneaux de report.
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Consommation de foin :
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+++
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+
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Consommation de paille :
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+++
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+
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Complémentation :
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8 kg compl → 1 kg carcass
160 kg compl → 20 kg carc
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3 kg → 1 kg carcasse
54 kg compl → 18 kg carc
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Coût de complémentation
pour 3 agneaux :
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3 agn × 160 kg × 0,3 €/kg
= 144 €
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3 agn × 54 kg × 0,3 €/kg
= 49 €
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Produit de la vente :
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3 agn × 20 kg car × 6,5 €/kg
= 390 €
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3 agn × 18 kg carc × 6,5 €/kg
= 351 €
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Marge :
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246 €
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302 €
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[Références indice de consommation 1kg/8 kg : institut de l’élevage]
[http://www.reconquete-ovine.fr/IMG/pdf/Cout_de_production_BD.pdf]
... et l'on pourrait rajouter une prime à la brebis supplémentaire en race Charmoise puisqu'il est possible d'augmenter le chargement en brebis à l'unité de surface compte tenu de leurs besoins limités. Et l'on ne compte pas le coût accru du foin, de la paille ... et de la main d'oeuvre (saluons ici la quantité de travail souvent sous-estimée et les compétences techniques requises pour la conduite des fameuses races dites performantes) en système de production plus intensif !
Moins dépenser pour une meilleure valorisation : voilà une race d'avenir pour l'élevage ovin menacé par la non-maîtrise des coûts de production dans un double contexte économique et climatique défavorable.
Ainsi, faisons nos calculs et épargnons nous le risque, par une consommation d'intrants à outrance, de déséquilibrer notre trésorerie dans une économie à flux tendus. Concentrons plutôt nos efforts vers les fondements de l'élevage de ce petit herbivore : améliorer la gestion des pâtures.